L’Assemblée nationale est sur le point d’examiner un rapport sur l’efficacité de la rénovation énergétique. Certaines études et économistes questionnent les stratégies actuelles tout en proposant des alternatives.
Des couts très importants…
La mise à jour énergétique des anciens bâtiments est un projet colossal nécessitant des investissements importants provenant à la fois de fonds publics et privés. Un récent rapport suggère de tripler le budget pour atteindre 15 milliards d’euros par an d’ici 2030, selon Marjolaine Meynier-Millefert, députée Renaissance.
…mais des doutes sur leur utilité
Cependant, des doutes subsistent quant à l’efficacité de cette approche. Plusieurs organisations écologiques ont longtemps exprimé leur scepticisme. Récemment, des études économiques ont également remis en question l’efficacité coût bénéfice des initiatives énergétiques. La lauréate du prix Nobel d’économie, Esther Duflo, a notamment exprimé ses réserves, citant une étude sur les programmes d’efficacité énergétique sous la présidence Obama qui a conclu que ces programmes n’offraient pas un bon retour sur investissement. D’autres études récentes comme celle de Cambridge affichent également une inutilité de ces rénovations en raison de l’effet rebond.
La problématique de «l’effet rebond»
L’efficacité de ces rénovations est en effet annulé par l’« effet rebond », où les consommateurs consomment plus d’énergie après une rénovation en raison de l’efficacité améliorée. Une étude de l’Université de Cambridge a révélé que les économies d’énergie résultant de l’isolation disparaissent en 2 à 4 ans.
La question de pose donc de mettre l’accent sur l’éducation énergétique lors des travaux de rénovation. Des informations régulières comme un rapport mensuel s ou instantané sur sa consommation énergétique pourraient encourager une utilisation énergétique plus responsable.
Revoir entièrement la rénovation énergétique ?
En fin de compte, la question demeure : faut-il privilégier la réduction des émissions ou la réduction de la consommation d’énergie ? Il existe également un débat entre une approche de rénovation globale et une approche ciblée.
En évaluant le rapport coût-efficacité, la rénovation complète n’offre pas toujours le meilleur retour sur investissement. Pour un logement de 100 m², isoler les combles pourrait coûter moins de 3 000 euros et économiser 30% d’énergie. Une rénovation complète, cependant, coûterait entre 45 000 et 70 000 euros pour une économie potentielle de 70%. Le payback n’est donc absolument pas le même. Et le confort et la durabilité ne sont pas pris en considération.
Privilégier la démolition /reconstruction ?
La véritable problématique de la rénovation énergétique actuelle est qu’elle doit composer avec l’existant, c’est à dire un bâtiment souvent vétuste et qui a évolué au fil du temps et des propriétaires. Isoler peut ainsi conduire à revoir toute la ventilation ou même l’électricité. Et cela ne permettra pas de résoudre les problèmes plus importants comme les problématiques de dalle non isolée ( absence de rupteur,…), les caissons de volets sous linteaux,… Etcela se fait à un coût élevé avec de forts aléas ( maison occupée,..) pour au final gagner deux ou trois points max au DPE. Au final, la solution la plus pertinente semble être souvent la démolition/reconstruction de maison car elle permet de bénéficier des dernières techniques, tournées vers l’environnement, à un cout bien inférieur à la rénovation. On a alors des maisons classées A, consommant moins de 50KWH/m²/an.